Les
articles ci-dessous proviennent des journaux L’Est
Républicain et la Presse de Gray que nous remerçions.
L’eau
plate ne saurait leur déplaire
(Article 1 du 10/01/2002)
Hiver ou pas, les Couturier optent
pour la vie à bord de leur péniche basée à Port-sur-Saône.
” Il suffit de mettre un pied sur
l’eau et ça y est, on oublie tout “, apprécie Martine. ” Oui, la vie
est belle ! “, complète Jacques. Pour tout dire, le couple Couturier
avoue sans détour avoir trouvé son équilibre, dix ans après un premier
essai à bord de bateaux de location puis d’une péniche de moindre
dimension. Un épanouissement que l’on sent sincère, même par ce temps
hivernal où l’embarcation est à quai pour quelques mois, au moins
jusqu’à mars. A Port-sur-Saône, ils sont plusieurs à vivre ainsi, entre
deux eaux. Les Couturier ont bien une vie sur la terre ferme, du côté
de Clairegoutte, mais d’ici quelques années, le changement d’adresse
sera réel et total. Jacques est en retraite et Martine est en passe de
l’être. Le rêve prend forme. Même le chien, Igor, trépigne d’impatience
à l’approche de chaque embarquement.
Une grue pour embarquer
la voiture
Le dernier périple en date remonte à
fin octobre. ” Nous sommes allés à Vitry-leFrançois pour faire
installer une grue afin de pouvoir monter notre voiture sur la péniche
“, indiquent-ils. A leur retour en Haute-Saône, une semaine avant Noël,
” nous avons joué au briseglace “, rapporte madame. Des conditions
climatiques qu’ils n’ont pas connues extrêmes ces dernières années.
Mais, à la limite, ce n’est pas leur problème. La prudence et
l’expérience aidant l’aventure ne se compte pas à l’épaisseur de glace
à fendre. Leur souci se nomme plutôt ” indépendance ” et ” autonomie “.
Car point de salut dans le luxe chez les Couturier. L’utile est
simplement joint à l’agréable. En arrêtant leur choix sur un modèle
poidslourd de 100t et long de 28 m, ils ont avant tout flashé sur cet
espace de vie, cerclé de vitres, à partir duquel la découverte de la
nature se rapproche du délice. ” Dès que vous ‘êtes sur l’eau, vous
voyez et entendez les choses différemment. ” Petit à petit, leur ” Vios
“, en provenance d’Amsterdam et acquis voici cinq ans, a bénéficié de
quelques aménagements, notamment en terme de chauffage et
d’électricité. Indispensable pour ne pas connaître la mésaventure d’un
” voisin ” de quai, le ” Floyd “, qui, il y a une dizaine de jours,
s’est retrouvé tout simplement plongé sous les eaux. Problème conjugué
de tuyauterie et de froid.
Les réservations en
plein boum
A la Capitainerie, la période est
d’ailleurs plutôt chargée pour ce qui est des réfections. Le bateau
coulé dernière ment a retrouvé la surface après l’emploi d’un ber
hydraulique, capable de retirer jusqu’à 17 tonnes des eaux. Ce ne sera
pas l’unique effort de la saison : ” Nous avons une trentaine de
bateaux à revoir cet hiver “, note José Salas, le gérant de
Franche-Comté Nautique, ” il nous reste du travail sur une douzaine
d’entre-eux, surtout au niveau des coques. ” Un signe aussi que
Port-surSaône est prisé. Des Allemands et Suisses viennent d’ailleurs,
ce lundi, de réserver trois emplacements pour la belle saison.
Philippe BROUILLARD
“La
nature est plus forte que l’homme”
(Article 2 du 12/01/2002)
L’exceptionnelle crue du 30 décembre
laisse des séquelles sur le canal de l’Est. Notamment deux imposantes
brèches qui interdisent toute circulation fluviale.
” Le feu, ça fait peur. La flotte,
c’est atroce ! “. Les yeux rivés sur le canal de l’Est, dont il assume
à Pontdu-Bois la surveillance et l’entretien, Pascal Ruaux tressaille.
Les images du 30 décembre remontent à la surface. ” A 2 h du matin,
nous étions six agents de Voies navigables de France mobilisés car on
nous avait annoncé une pluviométrie atypique “, glisse-t-il, ” l’eau
montait à une vitesse démente dans le Coney et a provoqué la première
brèche, de près de 40 m, à l’écluse 38 près d’Ambiévillers. Nous avons
été effrayés par la violence du courant ! “. Sous la puissance des
flots, la digue entre le Coney et le canal de l’Est est balayée. Sur
150 m de long, le chemin de halage est éventré, comme une fissure
consécutive à un tremblement de terre… Le lendemain matin, l’équipe
de VNF croit en un apaisement des éléments. Mais ce n’est qu’une brève
respiration. Dans l’aprèsmidi, les caprices du fleuve reprennent de
plus belle, gonflés par la conjugaison de quatre facteurs : des sols
gelés donc imperméables, la fonte des neiges, une pluviométrie
hors-norme et un redoux brutal. Vers 17 h 30, la partie haut-saônoise
du canal de l’Est, à proximité de Pont-du-Bois, essuie à son tour les
plâtres du raz-de-marée fluvial. L’excédent de débit se cherche un
nouveau chemin.
Curage et nettoyage
Nouveau plongeon dans l’angoisse pour
Pascal Ruaux. ” Un morceau de la digue s’est barré devant nous. Nous
avons juste eu le temps de nous écarter. L’eau a ensuitesubmergé une
sapinière. Et les arbres se sont abattus sur une ligne moyenne tension
de 20.000 volts. Nous avons eu chaud, c’était pire que le 14 juillet!
“. Ni le mur en béton de la digue d’Ambiévillers, ni la défense de
berge, terminée un mois auparavant à Pontdu-Bois et à proximité de la
micro-centrale de Frèlans, n’ont résisté. Heureusement, aucun bateau
n’a été pris dans les tumultes de la Saône. Responsable du secteur
depuis 1973, M. Ruaux évoque ” un véritable château de cartes “.
Certains anciens du village se souviennent d’une crue de cette ampleur,
en… 1947. Etienne Blandin, ingénieur responsable de la subdivision à
Epinal, en charge du canal de l’Est, ne se noie pas dans les
explications. ” la nature est plus forte que les interventions de
l’homme “. Reste que l’homme devra intervenir et panser les plaies pour
autoriser à nouveau la navigation et gommer le traumatisme naturel. Les
techniciens ont déjà débuté leur travail de curage et de nettoyage.
5.000 m3 d’argile permettront ensuite de reconstituer la digue et 500
m3 seront utilisés pour renforcer l’enrochement. Depuis hier, trois
géomètres du cabinet Martin d’Epinal calculent, grâce à une barque, ”
les profils ” du Coney et du canal pour connaître ” le nombre de m2 à
remblayer “. Voies navigables de France souhaite favoriser cette vague
de réhabilitation rapide du site. ” Dans une quinzaine de jours “,
espère Etienne Blandin, ” le plus gros devrait être fait : la sécurité
à nouveau assurée sur les digues et la navigation rétablie “.
Xavier FRÈRE
Prudence !
Aux nombreux passants, pêcheurs et
curieux qui empruntent les chemins de halage à Pont-du-Bois et à
Fontenoy- le- Château (Vosges), Voies navigables de France recommande
la plus grande prudence. A proximité des deux brèches, VNF a installé
des barrières pour éviter tout passage et déconseille vivement de
s’aventurer au-delà. Le redoux et le dégel annoncés risquent en effet
d’accentuer la dangerosité du site, avec un effondrement possible des
côtés fragilisés des brèches.
Portes en eaux troubles
A Fontenoy-le-Château, le 30 décembre
a causé un véritable traumatisme. Arbres déracinés, maisons inondées
(1,30 m par endroits), deux microcentrales arrêtées. Le bilan de la
crue est très lourd. Les portes de garde, qui datent de 1880, année de
construction du canal de l’Est, n’ont pas résisté aux flots
dévastateurs. Elles ont cédé et sont inutilisables. Elles seront
remplacées intégralement par Voies navigables de France. Mais c’est
leur non-ouverture le 30 décembre qui suscite l’interrogation voire la
colère de certains habitants. ” C’est une erreur, c’est ridicule de ne
pas les avoir ouvertes “, estime Tony Cole, un ressortissant anglais,
domicilié à Fontenoy depuis cinq ans, ” de très nombreuses personnes
ont été inondés pour cette raison “. Pascal Ruaux, responsable de
secteur de VNF, réfute cette hypothèse que de nombreux riverains du
canal ont lancée. ” L’eau est d’abord montée dans le Coney avant de
basculer près d’Ambiévillers dans le canal, par une brèche. La
fermeture des portes de garde n’a pas modifié la quantité d’eau “. Le
Britannique ne croit pas à cette version, soumettant même sa propre
solution, radicale : ” La prochaine fois, je saboterai les portes ! “
X.F
Le
chemin coule…
(Article 3 du 20/01/2002)
Le chemin de halage en bord de Saône
faisait le bonheur des promeneurs, joggeurs ou cyclistes. Les dernières
crues de la Saône ont mis à mal cette réalisation et attristent les
habitués. Le chemin en bord de plage à Beaujeu a véritablement fondu.
Le goudron est parti par plaques et le remblai a disparu. Quand l’eau
s’est retirée, le chemin avait disparu par grandes bandes. Certains ne
manquent pas de se rebeller contre une situation ” soit-disant
prévisible “.
Les inondations sont fréquentes à
proximité du Truchot, le fameux plan d’eau en cours de rénovation qui a
” reçu ” une partie du remblai du chemin de halage, alors que les
pêcheurs avaient réalisé d’importants travaux de déblaiements l’été
dernier. ” Pourquoi a-t-on dépavé ce chemin ? “, lancent d’autres. Il
est vrai que les pavés en place depuis longtemps résistaient aux
inondations et maintenaient le lieu en état. C’est d’ailleurs une
technique voisine qui a été récemment utilisée pour réaliser le macadam
vert sur ce chemin de halage à proximité de Savoyeux. A présent, le
chemin récemment réalisé exige des frais de remise en état. Une
nouvelle dépense pour les pouvoirs publics mais en sera-til de même
après chaque inondation ?
Mission
sénatoriale et… fluviale
(Article 4 du 05/02/2002)
Le Sénat vient de mettre en place la
mission d’information sur la liaison fluviale à grand gabarit
Saône-Rhin dont la présidence est confiée à Georges Gruillot, sénateur
RPR du Doubs. Le parlementaire haut-saônois Bernard Joly siège
également au bureau parmi las vice-présidents.
”
Nos rivières en danger de mort “
(Article 5 du 15/02/2002)
Henri Bresson lance un nouveau cri
d’alerte. Selon le ” sorcier de Vesoul “, moins de 150 km de rivières
sont encore propres en Haute-Saône…
Quand Henri Bresson prend la parole ou
la plume, ce n’est pas pour raconter les circonstances de sa dernière
capture. Ou une histoire relative à la hausse du prix des plumes qui
servent à confectionner les mouches artificielles. Non. Celui que tout
le monde connaît sous le surnom de ” sorcier de Vesoul ” ( titre d’un
ouvrage que Vincent Lallu lui a consacré il y a vingt ans ), a toujours
mené un combat franc et direct contre ceux et celles qui malmènent le
milieu naturel. Et par voie de conséquence portent atteinte directement
à la faune, à la flore, et à la vie tout court ! ” Les choses que
j’aime, je les défends “, martèle le septuagénaire habituéà dire tout
haut ce qu’il pense, même si ses prises de position cinglantes contre
l’administration – notamment la DDA – et les pollueurs de tout crin
dérangent parfois.
Il dénonce les ” démissions ” Tenez,
quand il a acheté sa carte de pêche pour l’année 2002 et. qu’il a lu la
page de garde de l’opuscule de la Fédération de pêche de la
Haute-Saône, son sang n’a fait qu’un tour. ” J’apprends à ma grande
surprise, que ” la Haute-Saône est le paradis des pêcheurs (sic) “,
selon le président du conseil général. Publiée il y a 40 ans, cette
petite introduction pour le moins laudative, aurait reflété une
certaine exactitude. Il y a 30 ans, une petite moue eût accompagné
cette lecture. Dix ans plus tard, une certaine grimace et un rictus
amer… Alors aujourd’hui ! Sur nos 3450 km de ruisseaux et rivières,
dont seulement 75 % sont réciprocitaires, il reste moins de 150 km
propres “. A 78 ans, Henri Bresson trempe toujours du fil dans l’eau,
manie le fouet et les mouches sèches comme personne, taquine les
perches et les brochets. Surtout, il arpente encore les rives et
dénonce sans relâche ” les démissions qui viennent d’un peu tout le
monde “, quand il ne se heurte pas directement à ceux qui polluent.
Souvenez vous du dossier ” lindane ” à
Gouhenans! ” Nos rivières seront en danger de mort, et la pêche aussi.
J’ai eu la chance de pêcher lorsque les rivières se renouvelaient comme
un jardin bien entretenu. Aujourd’hui, comme je l’avais dit il y a bien
longtemps, il peut être dangereux pour la santé de consommer des
poissons des rivières de première et deuxième catégories. Il paraît
incroyable de constater que les associations de pêche déversent des
truites de pisciculture saines dans des cours d’eau pollués ! ” Selon
le ” sorcier de Vesoul “, la Saône, le Coney, la Semouse, l’Augronne et
la Combeauté, pour ne citer qu’elles, sont souillées. ” Toutes les
rivières qui arrivent de chez nos voisins sont polluées “, affirme-t-il
en montrant du doigt les collectivités vosgiennes, accusées de ne pas
avoir pris de front le problème de l’assainissement. ” Tout compliquer
” ; ” Paradoxalement, nous n’avons jamais eu dans notre département,
une fédération de pêche aussi compétente et aussi dynamique.
Que peut elle faire si elle n’est pas
relayée par des politiques et les grandes administrations concernées
conscients et efficients ? “, ajoute le ” franc-tireur ” Henri Bresson,
ami des scientifiques. L’ancien commerçant de Vesoul avait été à
l’origine il y a quatre ans, avec Jean Fénoglio, d’un projet de
réaménagement du Breuchin, et il constate que les choses avancent trop
doucement à son goût. ” Dans ce plan de travail, il y a 12
intervenants. On s’aperçoit qu’il n’y a rien de plus difficile que de
simplifier les choses. C’est devenu une mode de tout compliquer. Et
puis, les fonds débloqués à Paris arrivent trop doucement sur le
terrain. Vive la vraie décentralisation “. Seul l’Homme pourra sauver
les rivières, on le sait, ” et je fais appel à son intelligence “,
conclut Henri Bresson, par ailleurs très attentif aux effets de la Loi
sur l’eau.
G.M
Voies
navigables de France veille sur la Saône
(Article 6 du 29/03/2002)
Quand la rivière est au chômage, les
plongeurs de VNF ne chôment pas. Interventions sur les ouvrages
d’écluses et les barrages se succèdent avant l’arrivée de la pleine
saison.
A l’écluse de Rigny, les agents du
pôle de plongée de VNF ( Voies navigables de France ) ont procédé à la
dépose des éléments de batardeaux,
destinés à la mise à sec de l’ouvrage, opération nécessaire pour
effectuer le remplacement des portes de l’écluse, vieilles de 30 ans.
Sur les 407 km
de rivière sur laquelle l’équipe de Jean-Pierre Muzard intervient, dont
130 km de Saône, on dénombre pas moins d’une centaine d’écluses et
autant
de barrages. ” Outre ces interventions sur les écluses et les barrages
durant cette période de chômage de la rivière, notre pôle intervient
également pour des plongées urgentes durant la pleine saison, sept jour
sur sept, ceci dans un souci de continuité du service public “,
explique M. Muzard. En pleine saison, entre les vannes cassées, les
bateaux en fâcheuse position, les obstacles interdisant l’ouverture ou
la fermeture des portes d’écluses… et les nombreux actes de
vandalisme…, ce sont en tout une centaine d’interventions d’urgence
qui sont réalisées chaque année par l’équipe de plongeurs dont les
équipements ultra-moderne leurs permettent d’intervenir en toute
saison. La prévention des navigants avec la mise en oeuvre d’éléments
de balisage, là où la navigation est permanente sur la Saône à grand
gabarit de St-Jean-de-Losne à Lyon, fait aussi partie de leur mission.
Un million d’euros de
travaux d’ici 2006
Pour ce qui est de la subdivision de
Gray qui compte dix écluses, ces dernières sont déjà pratiquement toute
mécanisées en hydraulique ( ceci permettant la mise en place des
automates). Les huit écluses automatisées permettent à la navigation
d’être programmée durant la basse saison et de la mi-mai à fin-octobre
quand le flux de navigation bat son plein, les éclusiers sont présents
à raison de 8h par jour, ceci facilitant l’écoulement du trafic.
Jean-Pierre Seguin, chef de la subdivision de Gray faisait état du
métier nouveau d’éclusier, mieux adapté au trafic fluvial. Ils suivent
une formation de maintenance de ler niveau, vaquent à l’entretien des
ouvrages et des bords de rivières quand le trafic fluvial ralenti. VNF,
établissement public à caractère industriel et commercial, s’est vu
confier en 1991 par l’État, l’entretien des voies d’eau. ” Sur la
subdivision de Gray, 38 agents de l’état travaillent à l’entretien et
l’exploitation de cette voie d’eau qui va de Charentenay jusqu’à
l’embranchement du canal Rhin Rhône à St Symphorien en Côte d’Or “,
argumente le chef de la subdivision de Gray. Le contrat de plan Etat
Région Franche-Comté 2000 / 2006 prévoit un million d’euros de travaux
sur la Haute-Saône ( changement de portes, mécanisation hydraulique,
construction de barrages aiguilles, réfection des quais,
signalisations, plantations, chemins de halage… ), financé à hauteur
de 40 par les fonds FEDER, 30 % VNF, 15 % l’État et 15 % la Région.
F.H
Le
passeur de bateaux
(Article 7 du 02/08/2002)
Durant la pleine saison, environ
soixante-dix bateaux empruntent chaque jour l’écluse. Rencontre au quai
n°16 avec Bernard Bland, l’homme de la situation.
En approchant du quai Vergy, situé à quelques brasses de l’écluse, un
câble auquel est suspendu une perche blanche, permet au Plaisancier,
d’un simple mouvement de main, l’ouverture automatique de l’ouvrage.
Véritable ” sésame ouvre toi “, cet automatisme qui entraîne la mise à
niveau de l’eau entre les deux portes et permet le passage d’un coté à
l’autre de la Saône, équipe aujourd’hui pratiquement toutes les écluses.
Oui, mais alors, que
devient éclusier ?
Cette automatisation certes fiable et
pratique, n’altère pendant pas le métier. Il suffit de se rendre à une
écluse en cette saison de pointe de navigation, pour se rendre compte
de la présence, nécessaire de l’éclusier. Outre la surveillance sur
écran de cette première manœuvre, ces derniers tout en gérant le flux
important bateaux, viennent donner coup de main pour l’amarrage au
quai, diriger l’entrée et la sortie délicate dans l’écluse,
renseigner… Bref, une multitude de services rendus que les
plaisanciers apprécient. A raison de 7 jours sur 7, Bernard Bland et
son collègue se relayent sur l’écluse de Gray. ” C’est un travail
polyvalent et riche de contacts “, lance l’éclusier tout en se
dirigeant vers un superbe bateau qui vient de franchir l’écluse.
Connaissant très bien la Saône, naviguant lui?même, Bernard peut
amplement renseigner les touristes sur la voie d’eau et les curiosités
alentours, indiquer l’adresse des restaurants, celle d’un boulanger ou
tout simplement discuter bateau, pour le plaisir.
Reconnaissance
Si la majorité des plaisanciers sont
de nationalités étrangères, la barrière de la langue, n’est pas un
problème pour Bernard qui ne parle que quelques mots d’anglais. ” On
arrive toujours à se comprendre, à l’aide de gestes ou même de dessins
“, confie l’éclusier qui, en l’espace d’une petite heure, a aidé au
passage de six bateaux. La franche poignée de main des touristes et les
petits cadeaux, ce couple suisse qui vient d’offrir une tablette de
chocolat en remerciement pour l’aide apportée, sont autant de
témoignages de sympathies pour ce beau métier. ” Les machines
heureusement, ne remplaceront jamais l’humain, enfin pas encore “,
ironise une plaisancière néophyte, visiblement rassurée par cette
présence humaine. L’éclusier et ses autres collègues de la subdivision
de Gray (qui va de Charentenay à Auxonne en passant par Savoyeux,
Vereux, Rigny et Apremont entre autres) sont durant cette période très
sollicités. Outre le travail à l’écluse, ces agents de V.N.F vaquent à
d’autre tâches, celle du nettoyage quotidien de la voie d’eau, de ses
berges, garants d’une route fluviale fluide et pas cible pour tous ces
usagers.
F.H
Le
tourisme nautique en plein essor
(Article 8 du 11/08/2002)
La plaisance est en grande forme, ce
n’est pourtant pas l’impression qu’elle donne à Scey-sur-Saône où la
halte nautique n’a pas reçu son contingent habituel. Qu’importe, la
plaisance dans son ensemble enregistre des progrès tangibles. A
l’écluse de Rupt-sur-Saône où Eric Maret exerce sa compétence, il nous
donne, chiffres à l’appui, d’excellents résultats sur le passage des
bateaux qui transitent sous le tunnel de Saint-Albin dont il a charge
de surveillance. Ce dernier mois de juillet, 1168 passages contre 1120
l’an dernier. Les prévisions d’août sont encore plus optimistes puisque
l’an passé 1175 passages avaient été enregistrés. C’est dire qu’une
progression régulière est remarquée et ceci depuis plusieurs années.
Parmi ces touristes nautiques, des Allemands, des Danois, des Belges,
des Luxembourgeois, des Français et même des Américains. Le mois d’août
reste le préféré des Italiens et des Espagnols.
La Navigation a mis à la disposition
d’Eric Maret un équipement moderne pour qu’il puisse remplir sa
mission. Il peut surveiller l’entrée des bateaux dans le tunnel après
avoir commandé les feux, il est aussi immédiatement averti si une
écluse automatique tombe en panne. Le tunnel de SaintAlbin, long de
près de 700 mètres construit sous Napoléon III reste une architecture
remarquable à l’attention des touristes qui sont impressionnés par la
grandeur du lieu.
Courant
de réhabilitation
(Article 9 du 12/09/2002)
Les berges et ouvrages d’art de Saône
font peau neuve depuis 2 ans. Un ” enjeu majeur ” pour le tourisme en
Haute-Saône.
“Maintenir un bon niveau d’équipement
afin que le tourisme fluvial puisse se pratiquer”. Propos signés Serge
Lacroix, le directeur du comité départemental du tourisme. Certes il
n’en est pas le principal acteur, mais cette remarque illustre
cependant l’objectif du volet fluvial figurant au programme de
développement de l’économie touristique en Haute-Saône. Ainsi, dans le
cadre du contrat de plan 2000-2006, l’Etat (40 %), les Voies navigables
de France (30 %), le conseil général et le conseil régional (15 %
chacun) se partagent le financement des travaux à effectuer sur la
Saône. Réfection des berges, des chemins de halage, rénovation des
écluses et autres ouvrages d’art: plus de 9 millions d’euros ont été
inscrits sur les différentes lignes budgétaires. ” Maintenir un bon
niveau d’équipement ” donc. Eh oui, car le tourisme fluvial représente
” un enjeu majeur ” selon Serge Lacroix. Enjeu majeur car il pèse 10 %
dans l’économie touristique du département. ” Les 150 bateaux de
location en Haute-Saône nous placent au 7ème rang national “, affirme
le professionnel du tourisme.
Automatisation…
S’il convient volontiers que ” le
marché est mâture “, autrement dit que le tourisme fluvial a atteint
son rythme de croisière (5 à 6.000 bateaux par an), il ne faut surtout
pas négliger la qualité des infrastructures et de l’environnement.
Ainsi, si les premiers programmes de cofinancement datent de 1997, les
premiers travaux, quant à eux, ont été entamés en 2000. Cette année-là
que le remplacement et la rénovation des portes d’écluses et de
vannages ont été entamés. Il s’agit du 2e plus gros budget (plus de 1,5
million d’euros), juste derrière les travaux de reconstruction du
barrage de Gray (1,67 million d’euros) et juste devant ceux du barrage
d’Apremont (1,22 million d’euros), qui seront engagés cette année. Pour
ce qui est des écluses, ” l’objectif est de les automatiser “, explique
Jean-Pierre Seguin, ingénieur à VNF et chef de la subdivision de Gray.
Leur mécanisation passant également par l’installation de systèmes
hydrauliques, 4e plus gros poste budgétaire (792.734 €), installations
qui devraient être terminées d’ici à la fin de l’année.
…et restauration
Viennent ensuite, coût financier
s’entend, la rénovation des quais (686.000 €) et les réfections des
chemins de halage et des berges (609.796 €). Toiles de coco,
végétalisation ou encore enrochement végétalisé sont autant de moyens
de stabiliser les berges. Après Conflandey, Montureux et quelques
reprises ponctuelles entre Charentenay et Gray, les travaux concernant
les berges de la Saône devraient être bouclés pour 2003. Quant aux
chemins de halage, restent environ 45 km à réhabiliter dans deux
secteurs : au nord (tronçon Port-sur-Saône-Corre) et au sud du
département (Gray limite Côte d’Or). Une distance équivalente a d’ores
et déjà été réaménagée entre Port-sur-Saône et Gray. Autant de chemins
dont l’entretien a été confiée au conseil général, permettant ainsi aux
piétons et cyclistes de pouvoir dorénavant les emprunter en toute
sécurité. Restauration encore. Des tunnels de Savoyeux et Saint-Albin
(457.347 €) cette fois-ci. Dont les travaux doivent correspondre à des
impératifs très précis, classement en monument historique oblige.
L’ingénieur des VNF ne cache d’ailleurs pas à ce propos qu’une
rénovation totale nécessiterait ” vingt fois plus ” de moyens. Bref,
une débauche d’énergie (et d’argent) pour que la Saône ne soit pas
seulement un long fleuve tranquille, mais également un beau souvenir
pour les plaisanciers qui l’emprunteront.
Sébastien MICHAUX